Critiques

Le cycle d'Alamänder : Une light fantasy hors du commun

Par Mooncake - Sébastien
5 min 25 avril 2024
Le cycle d'Alamänder : Une light fantasy hors du commun

Il était temps pour moi de faire une incursion chez LEHA édition, alors que je fouillais le catalogue pour y trouver une fantasy bien épique comme ils savent si bien le faire, je suis tombé par hasard sur Le cycle d'Alamänder, d’un auteur français dont je n’avais jamais entendu le nom, Alexis Flamand.

 

Évidemment la description du titre m’a tout de suite frappé, une fantasy humoristique, un univers qui semble complètement décalé, ni une ni deux, j’ai foncé et me suis offert la trilogie d’un bloc avec la certitude d’y trouver mon bonheur.

 



Le résumé

 

Dites adieu à la Fantasy que vous connaissez ! Aujourd’hui, vous partez pour Alamänder.

Allez donc saluer Anquidiath, le demi-dieu enfoui sous la montagne, chatouiller les monstrueux poulpes de guerre, flâner parmi les épis du champ de blé carnivore !

Jonas Alamänder, mage et détective, vient de perdre sa maison confisquée par un royaume voisin. Accompagné d’Edrick, l’un des soldats chargés de lui apprendre la nouvelle, et de son

facétieux démon Retzel, il part pour la capitale de Kung-Bohr afin d’y plaider sa cause. Là, il se voit contraint d’affronter intrigues de cour et ennemis redoutables, en montrant autant de talent dans l’art de la magie que d’incrédulité face aux mystères qui se dévoilent peu à peu.

Pendant ce temps, Maek, un jeune garçon aux penchants morbides, affronte un champ de blé carnivore afin de rallier la fameuse école des assassins T’Sanks. Préparez-vous à découvrir un monde où se côtoient humour, rebondissements et créatures improbables. Un monde original et foisonnant d’où vous ne reviendrez peut-être pas indemne.



L’avis de Mooncake

 

Avant toute chose, ne vous y trompez pas. Alexis Flamand ne vous fournit pas ici un résumé de son œuvre, enfin si, mais pas vraiment, ce qu’il faut retenir ici c’est la dernière phrase, il s’agit bel et bien d’une mise en garde. Soyez attentifs à tout !

 

D’aspect, Le cycle d'Alamänder paraît être une light fantasy, effectivement son enrobage est garni d’humour, notamment par son world building. Des poulpes de guerre, un champ de blé carnivore qui pour nourrir le continent nécessite de faire des fermiers des guerriers hors du commun pour le récolter, la politique de Kung-Bohr et sa dynastie, ses habiles manigances politiques avec de l’espionnage, contre-espionnage, espionnage du contre-espionnage, le jeu des énumérations peut continuer toute la journée tant l’univers est farci de lubies en tout genre.

 

Et pourtant le world building n’en est pas moins extrêmement bien pensé et cohérent, Alexis Flamand prend le temps de faire découvrir son univers en douceur et de façon très détaillée.

Il y décrit une magie brillamment pensée, la magie Menzothienne basée sur le tissage de l’aura à la fois organique et spirituelle et la magie YArkhanie dite “programmagie” sous forme de codage et de programmation informatique

De premier abord c’était déstabilisant pour moi d’avoir un décalage si profond entre l’aspect humoristique, une construction d’univers aussi solide et un ton narratif des plus sérieux.

 

Finalement, je l’ai compris bien assez vite, je n’aurais ni droit à une parodie humoristique à la Naheulbeuk, ni droit à un univers loufoque pratchettien qui sert de couverture à la critique sociale. Ici on à affaire à un sacré morceau totalement à part.

 

Alexis Flamand joue avec tous les codes et tous les genres

 

Le premier tome nous embarque avec deux protagonistes principaux, Jonas et Maek. 

L’aventure de Jonas va très vite se transformer en polar, le détective afin de sauver sa maison va devoir mener l'enquête pour le compte du roi de Kung-Bohr et va se retrouver mêlé à toutes les excentricités possibles que l'auteur va lui mettre sur la route.

L’aventure de Maek, elle, est plutôt faite sous forme de biographie, son histoire y est narrée ainsi que l’histoire et l'avènement de l’école des assassins T’Sank.

Le tout est agrémenté de chapitres où les dieux de l'univers discutent entre eux des déboires de nos héros et des interviews que l’auteur s’accorde lui-même, rien que ça ! 

 

Égo surdimensionné,
profonde folie ou génie scénaristique,
nul ne saurait le dire !

 

Le second tome quant à lui est un condensé d’action à l’état pur, adieu les jeux d’intrigues ou la dérangeante histoire des T’sank. On plonge la tête la première dans le flot de la bataille ou nul répit n’est accordé à nos protagonistes, ça bastonne, ça explose et ça ne fait pas dans la dentelle.

Si jusque-là vous arrivez encore à suivre bon courage, le troisième tome se résume par un simple mot : le twist. vous allez manger des révélations à en vomir et à ne plus rien y comprendre, sauf que dans la finalité… ben en fait ca explique tout !

 

Le cycle d'Alamänder est un échiquier où ne se joue qu'une seule partie, celle du pouvoir

 

Le pouvoir que l’on cherche à obtenir, à garder ou dont on cherche à se défaire, une immense partie dans laquelle vous n'êtes qu’un pion de l’auteur, déplacé au gré de son récit et sans jamais en avoir le contrôle de ce qu’il peut se passer.

Au fur et à mesure de ma lecture de cette trilogie, lorsque je commençais à comprendre où voulait m’emmener Alexis Flamand, Socrate apparaissait et me mettait une grosse tartine dans la bouche, effectivement quand je croyais savoir, en réalité je ne savais rien.

Le cycle est un inclassable qui pioche dans tous les genres, fantasy à la fois humoristique et épique, polar noir, science-fiction, climate fiction, transhumanisme, un véritable pèle mêle de genres savamment dosés qui offrent à la trilogie d’Alexis Flamand une saveur unique que je ne peux que vous recommander.


Je m’attendais à une lecture tranquille ou j’aurais pu poser mon cerveau et me marrer, il n’en a rien été à part une sacrée surprise dont je saurais me souvenir. Le cycle d'Alamänder est sans conteste une œuvre méconnue et il serait dommage de passer à côté.

Le cycle d'Alamänder : Une light fantasy hors du communLe cycle d'Alamänder : Une light fantasy hors du commun